A.E.T.- FORMATIONS CENTRE DE FORMATION EN DISTANCIEL

Extrait du livre

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Pour répondre à de nombreuses questions concernant  ce qui m'a amené vers l'Art et Danse thérapie...

Voici un extrait du livre en préparation ....

 

 

L’ART et DANSE THERAPIE

 

Comme VOIE de DEVELOPPEMENT PERSONNEL

 

 

MANUEL PRATIQUE

Rencontre avec l’art thérapie

 

"...Mon premier rendez-vous avec l’art-thérapie a démarré très tôt dans ma vie. La pratique de la danse a représenté le médiateur liant "entre moi et les autres" et m’a permis ainsi de pouvoir communiquer plus librement par le biais du langage corporel. Danser c’était la liberté d’exprimer ma nature profonde insoumise aux lois et carcans du système éducationnel de l’époque , système autoritaire et tellement sans surprise. J’avais 11ans en Mai 1968 et j’étais émerveillée et admirative de mes jeunes aînées qui osaient revendiquer leur liberté ouvertement, ce qui était impossible pour moi. Alors, à ma façon je rentrais dans ma danse intérieure et je dansais, dansais, dansais extérieurement jusqu’à n’en plus pouvoir… jusqu’à tout ce qui était opprimé en moi pouvait enfin sortir et vivre sans restriction et sans risque de jugements, ce qui m’aurait de nouveau pétrifiée sur place.

Dans cet espace privé, privilégié, j’avais toute liberté  de laisser vivre mes émotions, mes contradictions, mes rébellions, mes rêves…dans un langage que seule je pouvais décoder.

Très tôt, pour me protéger d’un monde extérieur qui me semblait incompréhensif et si étroit ne me permettant pas de m’explorer à 360 degrés, j’entrais régulièrement dans une bulle protectrice faite de silence et d’absence. Ma structure schizoïde était reine en son temps.

J’apprenais dans le même temps à découvrir un Moi protecteur qui me poussait à révéler ma vraie nature grâce au mouvement, à la danse, une danse instinctive, pulsionnelle, explosive ou introvertie selon les vagues d’émotions qui me traversaient.

Mon deuxième rendez vous fut la rencontre avec le théâtre. Autant la danse me permettait d’exister émotionnellement tout en apprivoisant ma corporalité, autant le théâtre m’aidait à explorer les différentes facettes de ma personnalité.

Avec délectation, j’évoluais dans les différents rôles que je pouvais interpréter à l’opposé de ce que je renvoyais comme image dans ma vie de tous les jours, l'image d’une petite fille qui se voulait sage, effacée, absente, rêveuse…recherchant la sécurité auprès de ceux qui donnait une impression de protection.

Celle qui semblait ne pas être de ce monde se métamorphosait le temps d’une danse, d’un rôle au grand étonnement de mon entourage.

 

Une troisième rencontre toute aussi importante que les deux premières fut l’écriture. Ecrire, écrire tout ce qui me traversait comme des forces inconnues m’obligeant constamment à dépasser mes contradictions et souffrances... écrire en poésie instantanée ou en prose pulsionnelle, écrire des histoires rêvées  ou de sombres cauchemars…je couchais tout cela sur le papier pour ensuite le cacher de peur d’être découverte et condamnée.

 

Aujourd’hui, avec l’observation et le recul, combien je me félicite d’avoir su écouter cette force intérieure qui m’insufflait la vitalité grâce à cette expérience vivante traversée.

Sans le savoir et sans grand nom pompeux, j’expérimentais en solo le pouvoir de transformation de l’Art dans son essence, loin de son aspect médiatique et culturel lié à la production d’œuvre. Mes œuvres à moi étaient secrètes et éphémères puisque renouvelées selon mes états d’âme.

Ma pratique en Art et Danse Thérapie a été au départ une pratique empirique avec une vision clinique, celle-ci s’inscrivant dans un parcours atypique de recherches et d’évolution progressive.

A cette époque, il n’existait pas de diplôme  encore moins de formation « clés en main ».

Je ne m’étais pas programmée pour devenir Art thérapeute, j’avais fort à faire avec mon école de danse, mes compagnies et l’organisation d’événementiels autour de la danse.

Pourtant, déjà dans mes ateliers de composition chorégraphique, j’amenais d’autres médiateurs autour de la Danse et bien sûr, le théâtre et les jeux de rôles, l’écriture y trouvèrent une place favorite.

Ayant intégrée très jeune, les liens existant entre le corps et l’esprit, j’ajoutais une recherche approfondie dans le training corporel ou encore appelées à l'époque les « releases techniques ». Ces approches comme celles de Feldenkrais, Fée Elles, Mathias Alexander, l'Eutonie de Gerda Alexander et plus proche d'aujourd'hui le mouvement fondamental de Danis Bois comme la Danse des 5 rythmes de Gabrielle Roth , avaient aussi une place de choix mais je le répète, à aucun moment il s’agissait de danse-thérapie ou d’art thérapie. Je privilégiais plutôt une approche de l’apprentissage de l’art axé vers la création et non la répétition d’une gestuelle codifiée. Mes créations s’appelaient « l’Aube des sens », « Animus-Anima »…

Pendant une très longue période de ma vie, j’eu cette chance de cheminer au sein de mes passions et dans cette conscience, je permettais aux adolescentes qui suivaient mes cours d’explorer leur adolescence dans les ateliers de composition et de création. Il était essentiel pour moi de permettre à tout un chacun, quel que soit son niveau, ses capacités, de se découvrir dans son potentiel créateur et apprendre à se dépasser dans la reconnaissance de sa valeur unique. Toutes les différences se côtoyaient dans une tonalité de complémentarité pour le plus grand bien d’une grande richesse créative. Chacun était reconnu dans ce qu’il était , nourrissant du coup la création d’une brillance inestimable parce que vrai et sans fards. Mon but n’était pas de permettre une inflation  narcissique de l’égo artistique et, à la différence de mes « collègues de l'époque »,  je  refusais la sélection par le physique, l’âge, les capacités et ou le milieu social. Chacun trouvait sa place et mon rôle était d’encourager à mettre en valeur l’unicité de chacun au sein d’une création collective, tout en l’aidant à dépasser ses limitations. Mon école s’appelait « Atelier Danse Création » et non « Académie  de danse » comme il était de coutume à ce moment là. cette terminologie me rappelait trop la structure étriquée et conditionnée qui m’avait tant enfermée dans le passé.

 

Dans cet état d’esprit, j’accueillais une jeune adolescente hémiplégique que m’avait confiée une maman désespérée que sa fille ne puisse pas vivre sa passion, car malheureusement pas acceptée dans sa différence. J’appris à adapter le déroulement des cours de façon à ce que cette jeune personne puisse explorer le mouvement dansé  tout comme les autres apprenties danseuses, en se reconnectant à ses ressources au delà de son handicap. Pour celles qui partageaient le même cours, ce fut l’apprentissage de l’acceptation de la différence de l’autre, la tolérance et l’entraide. Et c’est ainsi que mes premières recherches sur le handicap et l’expression artistique ont démarré. J’avais remis en question l’enseignement de la danse quelques années plus tôt, en vivant à l’étranger et où de nombreuses interventions en milieu scolaire m’avaient été demandées. L’objectif était d’apporter aux enfants en difficultés des outils pour être plus concentrés et attentifs, permettre à ceux qui en avaient besoin de se décharger et d’améliorer leur psychomotricité pour un meilleur apprentissage des matières fondamentales. J’eu la chance, lors d’un séjour de plusieurs années en Afrique d’intervenir au sein d’un centre de musicothérapie et musicologie auprès d’enfants déficients ou en difficultés. L’apport de cette approche musicale en relation avec le corps (pédagogie Dalcroze) m’avait bouleversé tant je redécouvrais sous une autre facette mon propre parcours personnel. Je me réappropriais ainsi mon histoire et je pouvais enfin dépasser mes propres limitations encore inscrites en moi.

 

La danse contemporaine et le ballet théâtre avaient été aussi très précieux dans ce retour au corps non plus comme objet narcissique mais comme un ami précieux à découvrir et à reconnaître. Fini le temps de la danse désincarnée où mon âme errait durant le temps de mes longues années d’apprentissage, bien au contraire je pouvais enfin sortir de l’ombre et être vraie et moi dans ma danse extérieure. J'ai ainsi appris la Présence en soi en m'habitant pour de vrai.

A mon retour d’Afrique, j’arrivais en terre alsacienne où je décidais de m’installer professionnellement. Intérieurement je me sentais appelée à rester dans cette si belle région et celle-ci ne fut pas en reste car elle m’adopta très vite, une longue alliance de plus de douze années nous ont liées, elle et moi. Encore aujourd’hui ce furent les plus belles années créatives de ma vie et notre séparation fut très douloureuse, le deuil a pris plusieurs années...

 

Pour développer mon art, j’étais à la recherche d’un local répondant aux  besoins de l’enseignement artistique et de la danse. J’eu la chance de rencontrer un directeur de centre pour handicapés adultes, qui amenait régulièrement sa fille aux cours de danse que je donnais au sein d’une association à une trentaine de kilomètres de l’endroit où j‘habitais.

Celui-ci en entendant parler de ma recherche me proposa spontanément de mettre à disposition son gymnase équipé en échange  que j’accueille au sein de mes ateliers, des résidentes handicapées mentales.

Proposition que j’acceptais spontanément, bien que je me demandais comment j’allais pouvoir répondre à ses attentes et surtout comment mes élèves allaient réagir à l’arrivée de ces jeunes femmes.

J’avais demandé la présence d’une éducatrice pour m‘aider et pallier à certaines réactions liées au handicap. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir et d’accueillir des jeunes personnes attentives, curieuses, motivées et passionnées, très reconnaissantes que je leur ouvre les portes de l’atelier.

Aujourd’hui encore, je suis très heureuse d’avoir pu vivre cette expérience en leur présence tant elles m’ont appris, elles aussi, grâce à leur persévérance, leur courage et je ne regrette pas de n’avoir eu aucune connaissance ou plutôt "savoir" concernant leur handicap, qui auraient pu m’influencer et restreindre le champ d’expérience par peur de mal faire.

 

De cette expérience est né tout un cheminement de recherches et d’adaptation sur la conscience psychocorporelle. Je reprenais quelques pratiques et démarches rencontrées au centre de musicothérapie lors de mon séjour en Afrique tout comme les expériences vécues en milieu scolaire et mes formations en pédagogie artistique.

 

La partie composition chorégraphique était de loin ce qu’elles préféraient, y compris mes apprenties danseuses. Dans ces ateliers, j’amenais d’autres médiateurs tel que le dessin, bien utile dans la représentation d’un parcours chorégraphique, les couleurs pour la gestion de l’énergie, sans oublier l’écriture d’où pouvait émerger le rêve, le scénario comme fil conducteur à ce qui allait finaliser le processus créatif au sein de notre laboratoire d’exploration joyeuse et pleine de vie...

 

Moments précieux uniques et merveilleux d’un temps où la confiance, le respect et la tolérance permettaient tous les possibles qui faisaient surmonter les obstacles présents et qui ne manquaient pas ... mais  ceux-ci étaient vécus plutôt comme des défis à relever...

Durant ces années, je comprenais dans l’expérience traversée que la plupart de ces obstacles venaient de nos limitations et ces limitations avaient pour nom : nos croyances, nos émotions, notre manière de penser en lien avec les normes imposées de l’extérieur et surtout nos jugements.

 

Avec cette approche (appelée par mes collègues style atypique), la spontanéité du jeu nous donnait la foi à expérimenter.

 

Aujourd'hui, l’Art et Danse thérapie fait partie intégrante de mon accompagnement, au même titre que d’autres outils et méthodes intégrés au fur et à mesure de mon parcours en relation d’aide. Car j'ai quand même découvert que l'importance  était l'autre, la personne que j'accompagnais au coeur d'une démarche... Je n'en faisais plus la "panacée universelle"... L'Art thérapie ou la Danse thérapie redevenait ainsi l'outil, le moyen d'accéder à ... comme au temps de l'enfance, de l'adolescence où par ce moyen je me donnais vie, je donnais vie à Patricia , celle que j'étais réellement au delà des apparences et des étiquettes...

 

Loin des débats de légitimité concernant l’appellation par des questions du style « suis-je ou ne suis-je pas art et danse thérapeute » ou encore « thérapeute par les arts créatifs » ou mieux « thérapeute par les médiateurs artistiques », je ne peux me résoudre à me classifier, me sectoriser pour me positionner selon un code professionnel préétabli pour lequel je n’aurais pas participé.

 

Artiste ? je l’ai été et je le suis encore dans mon âme et mon essence.

 

 Thérapeute ? Dans le sens non pas de guérir l’autre, ça ne je ne sais pas faire. Par contre, oui dans le sens "Accompagner l’autre", "cheminer avec", être un « lieu de passage » ou « matrice nourricière et sécurisante »  pour permettre à celui-ci de se construire, se reconstruire, se découvrir le temps d’un voyage ensemble, car oui dans cette définition je le suis.

Pédagogue par l’Art créatif me semble aussi très juste mais n’est-ce pas redondant car l’art n’est-il pas créatif à la base ? Pas obligé car je distingue bien l’Art reproductif où je ne fais qu’emprunter des voies artistiques déjà explorées que j’interprète, de l’Art créatif où j’ose avancer en territoires vierges et inconnues de la création par tâtonnements.

Dans l’art créatif je me crée dans cette exploration de mes terres intérieures et celui-ci me reflète comme un miroir où "ombre et lumière" se côtoient dans un tout indissociable, reflet de mon unicité.

Dans cet ouvrage, il me semble juste de clarifier ma posture car, il y a quelques années, lorsque j’ai entrepris ma reconversion, j’ai fait un choix qui me correspondait et ce choix était d’accompagner en Développement Personnel grâce aux médiateurs artistiques. Il me semblait juste que cette forme d’accompagnement puisse avoir un effet préventif contre  les grandes fractures internes, comme tout autant être une aide précieuse dans les grands rendez vous que la Vie nous convie à certains carrefours de notre chemin....

" Et c'est en conscience que je décidais de ne pas m'orienter vers le monde institutionnel, celui-là même qui m'avait jugé dans mes jeunes années comme pas assez "terrienne"...